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  • il était une fois la femme...

    Elle m’attendait dans le port, sa lanterne à la main pour ne pas que je perde de vue mes rêves.

    Elle attendait à l’embouchure de l’Hudson que quelqu’un vienne la chercher, perchée sur son piédestal, s’agrippant à la grève, à côté d’Ellis Island.

     

    lib day after.jpglib singes.jpgDans tous les films de fiction où les Etats-Unis sont attaqués, elle se retrouve décapitée comme une reine perdrait la tête d’avoir trop cru en l’humanité.

     

    J’ai rencontré Miss liberté un jeudi de l’été 1996 avec une émotion finalement commune, mais unique car mienne, je la regardais en me pinçant, pour être bien certaine de son existence, j’étais venue vérifier que ce que l’on m’avait dit était vrai, je voulais voir, je voulais vivre, je voulais LA vivre…

    lib 1.JPG

     

    Et elle était bien là, fidèle au rendez-vous que je n’avais pas osé fixer, elle se laissait tourner autour, même par les hommes et restait impassible, droite et fière, semblant attendre son libérateur.

     

    Elle a vu arriver les rescapés du Titanic, sans pouvoir réchauffer leurs cœurs des premiers rayons d’avril, elle a aussi vu passer deux avions, un matin ensoleillé de septembre…

    Et pourtant, elle reste là.

    A croire.

    Elle ne m’a rien dit de ce qu’elle attendait, depuis si longtemps, elle ne m’a pas fait part de cette force qui l’anime pour habiter encore nos imaginaires, mais elle est là.

     

    Liberty Enlightening the World, La Liberté illuminant le monde… quel travail de fou, mais ne dit-on pas que le monde est fou ? C’est pour cela qu’elle est encore debout : pour nous éclairer…

    Certains sont si loin que dans la brume coréenne ils voient bien mal ses signaux, certains sont si peu clairvoyants que derrière les grilles de pays en « an » ils ne captent qu’un message partiel. Elle a du mal parfois à éclairer le pays qui l’accueille sur ses berges, trop fier peut-être ou aveuglé par l’intensité de sa torche.

     

    De l'autre côté de l'Atlantique, à Colmar, on peut visiter un petit musée sans prétention : la maison d’Eugène Bartholdi. J’aime les musées qui respirent la vie malgré la poussière. Ce n’est pas un musée d’ailleurs : c’est sa maison. On peut se promener dans son salon, marcher sur des parquets sans âge et écouter le chant grinçant de nos pas, une maison si vieille qu’elle soupire lorsqu’on escalade ses niveaux, et qui nous offre sans fausse pudeur une vision sur son cœur.

    lib before 1.JPGC’est sur une petite étagère de cette maison de Colmar que reposent très discrètement les rêves et les espoirs du sculpteur, les hésitations, les désirs secrets, ce que nous ne connaitrons jamais, ce que nous aurions pu voir… On trouve au détour d’une salle mal éclairée les exquises esquisses, des formes à peine sorties de la glaise, des prototypes, enfin : la proto-femme !

     

    lib bartholdi.JPGOn voit qu’elle aurait pu être, plus ronde, plus fine, plus opulente,  moins sévère. On voit qu’elle hésitait à déclarer sa flamme, qu’elle ne savait pas encore quel fardeau elle porterait côté cœur…

    On peut voir tout cela : l’histoire qui balbutie, l’histoire que l’on façonne du bout des doigts d’homme.

    Si on lui avait dit, à Bartholdi…

     

    C’est un musée de rien,

    un musée qui fait du bien,

    qui ressource,

    retour aux sources,

    d’où je sors sourire aux lèvres et vous savez pourquoi : c’est moi qui ai vécu…