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Eli, élue.

 « êli, êli, lama sabachthani ».

C’est la première phrase en langue étrangère que j’ai retenu. D’accord, j’ai du entendre d’autres langues sans les comprendre, ou laisser couler dans mes oreilles du jus germanisant sans prêter attention, mais « eli, eli, lama sabakthani », c’est la première phrase de la fascination de l’inconnu, de la charge d’émotion incompréhensible. A l’église, on me raconte l’histoire d’un homme qui meurt et qui pousse son dernier cri pour que naisse une religion.

Eli, eli, lama sabakthani.

Puis plus rien, il meurt. Le prêtre se tait, tout le monde garde le silence et les cœurs se serrent, se glacent comme s’il n’y avait pas 2000 ans de cela, comme si on ne s’était pas encore fait une raison. J’ai 6 ans et je ne comprends rien, je ressens l’émotion, et ces mots-clé mystérieux s’impriment en moi : « eli, eli, lama sabakthani ».

 

Elle m’est revenue cette phrase, les mots en ma bouche comme un cri à pousser à mon tour.

Et malgré la traduction que j’ai apprise plus tard, je ne suis pas désespérée.

Je reprends ce cri et l’interprète pour en tirer force et foi.

Foi en la vie.

 

Si le fils de Dieu a douté, s’il a pu pester, sortir ses tripes par colère et incompréhension, alors moi, fille de Jean-Paul et Huguette, je peux douter, je peux pester, je peux vomir devant ce que je ne comprends pas de la vie, mais je peux surtout espérer et croire… si même le fils de rotoroa.JPGDieu n’a pas deviné, n’a pas su prévoir…

et pourtant…

 

Je n’ai donc qu’à vivre et à suivre le courant avec confiance, confiance en la vie… avancer sur le chemin dans la brume de demain, emprunter l’autoroute sans connaître la destination.

 

J’aime les traces, uniques preuves de l’existence particulière d’un individu mais dans l’ordre du monde j’aspire à l’universel, je ne suis donc ni blasphématoire ni iconoclaste, à la limite aniconiste par souci d’égalité.

Et j’aime tous les rites, symbole de l’humain qui tente de communiquer avec le divin, rituel comme incarnation de l’impalpable.

J’aime les prières, les chants des hommes qui se chargent d’espoirs.

 

Je suis chrétienne par amour familial, par respect de mes ancêtres et désir de communiquer avec les vivants et ceux d’avant. Dans une église, je me sens faire partie d’un monde, d’une communauté et je souris de cette chaîne et de cette étroitesse, mais c’est mon clan, mon éducation.

Jamais je n’ai pensé avoir raison, sous l’église on a ouvert une salle de prière musulmane avant la construction de la mosquée, la tolérance dans mon sang.

 

Et si on avait tous raison ?

Et si on avait tous tort ?

 

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 Cela m’est égal.

Je regarde l’espoir des hommes.

Et m’en nourris.

 

 

A Jérusalem, je tremble devant le mur mais je ne vois pas Dieu. Je ne le vois que dans les yeux dans croyants. Que dans leurs jeux aussi. Et s’il venait là, sur l’esplanade s’accrocher aux Tzitzit, le Messie ? On en ferait une tête….

  

 

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A Devil Tower, Wyoming, je m’arrête devant ces bouts de tissus que les Amérindiens accrochent aux branches pour vénérer la montagne.

Leurs Dieux habitent Devil Tower, déjà un mystère…

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J’avance avec émotion sur un lieu saint.

 

Et tant pis si c’est une sainteté qui m’est étrangère.

L’humanité est universelle.

Montrer que l’on aime, que l’on respecte, confier ses rêves et ses craintes.

 

Tiens, si je brûlais de l’encens à présent ?

 

Tous ces élans des  hommes, ça me fait avancer, toutes ces questions m’apportent une certitude : j’ai la foi, la foi en la vie.

 

Commentaires

  • Beau texte. J'aurais aimé intervenir sur au moins deux points de la théologie chrétienne ( catholique et nuance protestante), plus la vision messianique, mais je m'incline devant le texte.
    Hommage aux amérindiens.

  • Beau texte. J'aurais aimé intervenir sur au moins deux points de la théologie chrétienne ( catholique et nuance protestante), plus la vision messianique, mais je m'incline devant le texte.
    Hommage aux amérindiens.

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