De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
(Jacques Brel, j'arrive )
La Toussaint, c’est pire que la Saint Valentin.
J’ai vu toutes ces fleurs en pots, alignées, qui attendaient près de la caisse enregistreuse.
Est-ce que l’on fait l’addition des bonnes intentions chez Leclerc ?
Est-ce qu’on s’achète une bonne conscience avec une carte de fidélité ?
Ça m’a fait gerber.
Et je t’ai fait promettre de ne jamais m’en déposer…
de gerbe…
sur ma tombe.
Déjà les tombes, les messes, les enterrements, je te l’ai dit, c’est pour les vivants.
Rien à foutre du pin ou de l’ébène, des poignées dorées ou poignées d’argent, j'aimais tes poignées d'amour, alors pourquoi pas les cendres… Je n’ai aucune certitude sur la mort, à part qu’elle arrivera et que la mienne te fera plus de mal qu’à moi. Alors urne ronde ou grès des Vosges, fais comme tu veux….
Je n’ai qu’une demande, qu’un ordre : ne viens pas à la Toussaint.
Ils sont tous là, avec leurs pots, avec leur peine, il y a des embouteillages devant le cimetière d’ordinaire désert.
Si tu veux retrouver ce qu’il reste de moi, ferme les yeux et repasse nos souvenirs en boucle, si tu veux me retrouver rêve de ma bouche et de mes bras.
Les fleurs je ne les aimais pas déjà de mon vivant, parce que je n’ai jamais compris quelle joie il y avait à recevoir la mort en bouquet, roses sacrifiées sur l’autel d’un romantisme de carton pâte.
Alors tu penses… sur ma tombe !!!
Si tu voulais revenir, là où tu m’auras laissé dormir, dépose une pierre,
un baiser,
un bout de bois,
un bout de toi,
ou même un bonbon,
« parce que les fleurs, c’est périssable » !
Si tu viens, je veux que cela soit par envie, par besoin mais jamais par devoir, fut-il conjugal.
Conjugue plutôt, au temps où tu seras…
Je vis.
C’est moi qui ai vécu.
C’est moi qui l’ai connue.
Je vis….