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Paseo Ahumada

J'aurais du détester la traversée de cette rue piétonne, d'ailleurs tous ces magasins clinquants, ces lumières clignotantes, les vitrines aguichantes m'ont laissée de marbre, je ne suis pas une shopping-girl.

Pourtant, marcher dans cette rue m'a apporté une vision très complémentaire de celle des rues - des chemins de terre plutôt - des villages du désert.594a80df88e3be4e49456ac2779ecb45.jpg

Les cireurs de chaussures proposent leurs services aux hommes d'affaire cravatés en échange de quelques pesos qui ne viendront pas les enrichir mais apporteront un peu plus d'aisance aux compagnies dont ils dépendent, la franchise s'est immiscée aussi dans le cirage.

Les familles-modèles, bébé dans la poussette, affichent leur bonheur en léchant une glace.

Les hommes mettent en jeu leur virilité à coup de parties de dames ou d'échecs improvisées à l'ombre d'un arbre.

Un vieux couple endimanché est assis sur un banc et semble ne plus rien attendre, que la mort peut-être, leurs habits de cérémonie comme linceul.

Un agent de sécurité  transporte la recette du jour dans un chariot bruyant dont le peu de discrétion est souligné par ses deux collègues qui l'escortent, doigt à la gâchette.

Arrivée Plaza de Armas, les prêcheurs et les prédicateurs rivalisent de décibels avec les manifestants politiques qui en viendraient presque à regretter la dictature, victimes du mirage de la démocratie alimenté de libéralisme.

Les artistes-peintres présentent des toiles que plus personne ne regarde.9f3cf64928ef482810d00b8286e51f14.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un petit garçon court sous les jets d'eau de la fontaine, il rit à gorge déployée, sa joie simple est un réconfort.

Des collégiennes en uniforme marine et jaune viennent chasser les pigeons après les cours.

Des jeunes amoureux se roulent des pelles, encore et encore, à pleine bouche, sans retenue.

Un passant me recommande de me méfier des voleurs.

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Devant la cathédrale, un drôle de cône se dresse vers le ciel, gigantesque ossature de ferraille où est pendue une demi-douzaine d'ouvriers, tels des boules vivantes sur le futur sapin de Noel. Ils installent les guirlandes lumineuses en attendant l'habit vert. Cette vision me rappelle que malgré la douceur de ce printemps sud-américain, novembre est bien entamé.

En quittant la place, une musique attire mon attention, je cherche du regard sa provenance. Un homme est couché par terre, c'est un clochard sans âge, une boite déformée en appel à la générosité. Sur sa tête, un chapeau de Père Noël qui envoie en clignotant sa musique féerique " gingle bell, gingle bell..."

Je ne peux pas voir son visage, je crois qu'il n'a plus d'identité.
Même sous le soleil, Noël ne sera pas joyeux pour tout le monde.

 

 

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