Dans ma valise il y a
un pantalon de randonnée,
pour faire le tour des cratères inondés,
aux eaux bleues et vertes,
pour parcourir les chemins jusqu’aux miradouros et chopper le vertige,
pas celui des hauteurs
mais celui d’une sorte de bonheur,
de ces bouffées de Vie qui rendent ivre.
Dans ma valise il y a
un maillot de bain noir et blanc
pour affronter le ressac de l’océan
et me plonger dans les bains chauffés par les respirations de la Terre
comme dans le ventre d’une mère,
retrouver la chaleur des entrailles dans des odeurs de soufre.
Dans ma valise il y a
ma brosse à dents et puis une autre,
ce petit détail qui dans les films fait comprendre que la fille ne voyage pas seule,
qu’elle partage son intimité.
Et puis dans ma valise il y a
tout ce que l’on ne voit pas,
tout ce qui m’a parfois empêché d’avancer,
tout ce que je trimballe depuis toutes ces années,
ce que je n’ai pas jeté,
ce que je n’ai pas digéré.
Dans mon surplus de bagage il y a toi tout entier.
Mes souvenirs, mes désirs, ma réalité,
tout ce que j’ai vécu, dans le noir et le silence.
Du haut du Miradouro do Inferno
j’aimerais bien te jeter, pour me sentir plus légère.
Mais je sais que je me sentirais vide.
Peut-être que mon cœur tomberait aussi.
Alors, je te ramènerai, discrètement.
C’est comme cela.
Certains traînent des casseroles,
moi, je trimballe un homme.