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  • " je me suis tellement manquée "

    La foire agricole de Châlons ( en Champagne bien sûr ) est devenue depuis quelques années le rendez-vous de la rentrée, comme l’était la braderie de Lille avant le Covid.

    On peut y aller en confiance.

    6 euros pour suspendre le temps.

    6 euros pour faire comme l’année dernière.

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    Galérer à trouver une place de parking, franchir les contrôles de sécurité, affronter la foule.

    Premier stand incontournable : la propriété Feuillatte. Dans la Marne il n’y a pas la mer mais il y a un phare à la foire, une bouteille géante comme point de repère.

    La soirée commence par une coupe de Champagne en plein air.

     

    Puis il faut se perdre, flâner dans les allées en suivant les odeurs de saucisses et de crêpes.

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    Il y a toujours des gens pour se promener avec un manche à balai révolutionnaire, pour croire en ce nouveau produit de nettoyage miracle.

    Et comme c’est une foire agricole, on s’étonne de la taille des tracteurs.

    La ruralité c’est la bouse ? Non, ici c’est une fierté, pas la loose.

     

    Et la soirée se termine par un concert.

    Sans supplément de prix.

    Une scène en plein air.

    L’occasion pour tous d’accéder à la culture sans se déplacer, la scène parisienne qui ose deux heures d’autoroute.

     

    Ce soir c’est un concert de Véronique Sanson.

    On l’attend allongés sur l’herbe, en mangeant une gaufre. Certains sont venus avec leurs petits sièges pliables.

    On surveille les gros nuages noirs au loin, puis la lumière s’éteint.

    La foule frissonne.

    «  Vous m’avez manqués ».

    Les premiers mots de Véronique sont emprunts d’émotion.chalons 4.jpg

    Oui, cela fait longtemps.

    Longtemps qu’on ne se réunit plus.

    Longtemps qu’on ne fait plus « comme avant ».

    Longtemps pour elle aussi que la scène ne s’est pas allumée.

    J’imagine qu’il lui est arrivé de penser qu’elle ne chanterait plus. Comme j’ai pensé ne jamais vivre Noël à l’annonce de mon premier mélanome.

    Quel anathème pour une chanteuse : cancer de la gorge.

    Mais elle est là Mamie, mon amie Véro…

    La foule scande ce diminutif que je déteste.

    Le public applaudit, que dire ? Les mots sont pauvres, souvent.

    Elle est bien là, debout. Certes plus courbée, elle est devenue vieille.

    Mais toujours là.

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    Moi aussi je suis là. Debout.

    Plus vieille, délicieux ravages du temps quand l’histoire se poursuit.

    Je suis là, debout.

    Je frisonne, ma gorge se serre, les larmes embuent mes yeux.

    « Je me suis tellement manquée » Véronique chante, on croirait qu'elle souffre mais non, elle vit ses mots, elle vit ses chansons.

    Je suis là, j’en profite, je remplis mes poumons.

    Je prends le temps de regarder le chemin.

    Je m’étonne de sa longueur, je pleure et jubile.

    Ça me fait toujours cela quand la musique est forte, mon cœur s’emballe.

    Je m’envole, je sors un peu de mon corps.

    Je pense à toi.

    Je suis apaisée, je digère ma vie.

     

    Le concert se termine, la foule se disperse.

    Rendez-vous l’année prochaine ?