Demain dès l'aube
à l'heure où blanchit la campagne,
je partirai
à la pêche au crabe
ou ses miettes.
Je publie ce petit « statut » sur Facebook et ça like, et ça like...
Je ne like pas du tout.
A l'heure où tous les parents attendent fébrilement de savoir si leur enfant est reçu,
résultats du Baccalauréat,
j'attends tout aussi fébrilement le verdict du jury médical,
savoir si mon examen fut bon,
sans avoir besoin de passer par le rattrapage,
espérant même être gratifiée d’une mention Vie.
On a beau travailler toute l’année au bien-être,
au mieux-être,
on a beau vouloir,
reste le visa nécessaire du douanier,
la vignette du contrôle technique,
le tampon au bas de la page pour sceller le dossier,
sceller mon avenir…
Il n’y a pas de routine dans ce genre de rendez-vous,
on revient pour ne pas entendre le mot récidive
alors que la récidive est ce qui revient.
Quand on en a connu une,
on a peur qu’elle nous reconnaisse,
encore dans le corps.
Et si le Crabe perdait la mémoire ?
Depuis le temps que je le trimballe, un petit Alzheimer, bien fait !
Et si le Crabe perdait mon numéro ?
L’eau salée fatale pour son smartphone, bien fait !
Et si...
Faut que je vous dise :
je n'aime pas du tout quand on emploie "Crabe" à la place de CANCER.
ça ne fait pas moins peur, ça ne l'éloigne pas non plus.
Les malades ont besoin de vérité et de reconnaissance, pas d'édulcorant.
Et puis c'est injuste pour tous les petits crabes, les vrais,
qui essaient de marcher droit dans la vie quoi qu'on en dise !
Au Costa Rica vit un petit crabe bigarré, le crabe Halloween...
Je le dis haut et fort : c'est avec un plaisir infini que je le prendrais dans mes mains
Je n'hésiterai pas à marcher pieds nus sur le sable pour aller à sa rencontre !
Hé le crabe !!! Je n'ai pas peur de toi !
Hé le Crabe : me voilà !!!