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Hope, Hopper

hopper façade.JPGEtudiante déjà, j’avais au mur de ma chambre des reproductions de ses tableaux, accrochés à la Patafix.

Edward Hopper a croisé mon chemin il y a bien longtemps et m’a accompagnée déjà la moitié de ma vie.

Pas moins !

A New-York, je fréquente le Whitney Museum of American Art plus facilement que la MOMA, à cause de lui, Edward…

Alors, une expo au Grand Palais, quelle joie…

Encore une raison d’aller à Paris, je me faisais une joie…

 

Qu’une expo fasse connaître un artiste, c’est fantastique, que la culture soit rentable, c’est tant mieux pour les organisateurs, puissent-ils en échange continuer à prendre des risques…hop foule.JPG

Mais j’avoue que j’ai très vite saturé, Hopper par-ci, Hopper par-là… alors que durant des années personnes n’en a parlé.

Et trop de monde, c’est trop de monde.

J’avais réservé ma place. « Deux heures d’attente », voilà le slogan Hopper. Je râle mais j’avoue un peu honteuse que j’ai bénéficié d’un « coupe-file » et que pour ma réservation de 17h30, j’étais dans les salles à 17h10…

Même avec ce privilège, j’ai eu beaucoup de mal à supporter la foule, l’accès à certaines petites salles était presque impossible, il fallait attendre à l’entrée que ça se désengorge... ou renoncer. J’ai eu des coups de coudes, on m’a littéralement marché sur les pieds, mon sac a été tiré et poussé…

Tout cela, à regrets, a gâché ma fête.

 

Mais Hopper tout de même

Quelle magie, quelle folie…

quelle complexité dans la simplicité,

quel bonheur dans la tristesse,

quel plein dans tous ces vides…

Les mots sont dérisoires quand c’est l’âme qui ricoche sur un tableau,

les mots sont pauvres face à l’émotion…

eleven gd palais.JPGDans les tableaux d’Hopper certains ne voient rien, d’autres voient tout, imagine tout…

J’ai aimé me tenir debout à tes côtés devant cette femme nue qui attend derrière sa fenêtre.

Eleven…

Nous dissertions, nous divaguions… pourquoi a-t-elle ses escarpins ?

Nous vivions, spectateurs de l’intérieur.

 

Et encore une fois : rien ne veut le vrai, rien ne vaut le vécu.

On voit la taille réelle du tableau, on voit les coups de pinceau, on sent encore la térébenthine, on voit l’eau qui fait vivre l’aquarelle en gondolant le papier…

Et par-dessus tout : on voit les couleurs…

On parlera beaucoup des ombres, de la lumière d’Hopper, mais les couleurs !

Je conviens qu’elles ne sont pas les plus criardes, mais elles sont.

Et que les reproductions sont  pales !!

Aucun livre du Giftshop n’a semblé à mon goût tant les reproductions des tableaux vus étaient fades…

 

J’avance dans l’expo et retourne dans ma chambre d’étudiante

J’avance dans l’espace et recule dans le temps, je revis chaque émotion de mon début de vie de femme.

 

summertime.jpg

Je me revois telle Summertime,  sur le perron de ma vie, fraîche, pulpeuse, affamée d’existence, prête à faire le premier pas, prête à entrer dans la danse, à arpenter les rues…

Je me sens héroïne d’Hopper, comme on se sent Antigone, d’une beauté froide, d’une force irradiante.

 

Que suis-je aujourd’hui ?

Je ne sais pas trop.

A quel tableau se raccrocher, où réapparaître ?essence.jpg

Je ne sais pas trop.

Je me repose dans le vide d’un paysage, je sais qu’on peut y faire le plein…d’énergie.

 

 

L’exposition malgré le monde m’a entraînée.

Elle se finit avec la gorge serrée et l’eau qui inonde le cœur : « deux comédiens ».2 comédiens.jpg

C’est le dernier de Hopper.

Il contient son dernier souffle, c’est son testament.

Que voir sinon un rideau qui tombe sur une vie ?

Hopper tient sa femme par la main, il tient sa muse et prend congé.

 

Il tire sa révérence et moi je lui tire mon chapeau.

 

Merci !

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