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fille de l'hiver

DSCF3720.JPG

L'hiver je savais où la trouver
Lorsque la neige tombait dans les rues
Elle avait l'air d'une enfant perdue
Qui, de la vie, n'attendait plus rien

Ses cheveux,
Ses cheveux noirs comme le ravin
Sur ses épaules, un voile déchiré
Je tremble encore d'avoir touché sa main
Elle m'avait permis de l'aimer

(J.H)
 

L'hiver nous est tombé dessus, comme l'amour le ferait : sans prévenir.

 

Il n'est que les humains pour s'étonner encore, du froid, du chaud, de tous ces émois qu'on nomme la vie.

 

Les animaux, eux, se sont préparés, les plantes aussi ont rangé leur sève jusqu'au printemps, il n'est que les hommes pour penser maitriser le temps, celui de chronos ou celui du ciel, pour penser avoir le contrôle... 

 

canal1.JPGJe suis allée au bord du canal, jeter un œil tout au plus, non, pas pour me jeter de dedans... Regarder ces bittes de béton et leur chapeau de Chantilly.

Surtout marcher.

Et trouver une réponse aux questions que je refuse de me poser.

 

canal2.JPGJ'ai cherché des signes, je n'ai vu qu'un héron blanc.

Sur le canal gelé le vent a soufflé des secrets, figés pour un instant. J'essaie de lire ces symboles, cabalistiquement vôtre.

canal3.JPGDe lignes fuyantes et cercles parfaits, je me demande s'il y a quelqu'un qui joue.

 

Je respire à m'en crever les poumons, je hoquette, je crois pleurer mais je n'ai pas de larmes, c'est la vie qui entre en moi, violemment.

 

Il n'y a que le bruit délicieux de la neige qui gémit sous mes pas, sur le chemin, personne n'est encore passé avant moi, je défriche, je me sens presque coupable de souiller l'immaculée perfection. J'avance, je dois faire mon propre chemin, je me retourne à peine, juste le temps de vérifier que j'existe, que je laisse une trace dans l'existence. Cette ivresse me serre le ventre.

 

canal roseau.JPGJe m'arrête.

Je vois ces roseaux, pliés aux pieds, courbés sous le blanc mais qui gardent la tête haute.

 

Je pense à la fable, le vent qui déracine le grand chêne, le majestueux, et le frêle roseau qui plie et ne rompt pas.

Je me demande ce qui restera, après la tempête...

 

Et puis me revient Pascal... Humaine, je suis un roseau pensant : petite, faible, facilement emportée par mes besoins et mes désirs... Mais cette conscience qui me heurte est aussi celle qui me rend grande, détachée, et capable de résistance.

 

canal hertzing.JPGJe n'ai pas de réponse autre que la foi... en moi, je crois.

 

 

J'emplis mes poumons et me réjouis de ce froid, j'aime ce mal, je suis en vie.

 

Je m'en retourne chez moi, je me sens très roseau... J'avance, mains dans les poches jusqu'à la tienne, nez au vent, je dodeline... Je suis bien. Je suis.

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