dans la forêt en novembre

Il y en a qui aiment s'aimer sur un lit
D'autres sur le bord du chemin
Il y en a qui préfèrent la mousse des bois
Moi ce que j'aime c'est le train

Sur la route.

De l'Est à la Normandie.

Je ne prends pas l'autoroute, mais on avale les kilomètres et l'on se dépêche de rejoindre la côte, l'autre bout d'un monde, d'un pays déjà.

Un jour, mettre son clignotant et s'enfoncer dans la fôret.

Fôret de Compiègne.

Clairière de Rethondes.

Voir le wagon, comme une momie dans un sarcophage.

Voir les plumes derrière la vitre.

Se souvenir d'une époque où l'on écrivait à la plume...

Le spectacle n'a pas beaucoup changé : montrer le cadavre de l'ennemi, humilier l'autre.

Wagon pris, repris, exploité, montré en trophée, brûlé, reconstruit.

Wagon symbole, wagon légende.

Aujourd'hui le wagon sent la cire, on enlève la poussière mais lorsque le gardien de ce musée oublié partira en retraite, il ne restera rien.

Plus personne ne met son clignotant pour aller dans la clairière.

L'oubli est une seconde mort.

Sur le wagon, un numéro.

L'immatriculation en chiffres d'or.

Un Wagon parmi d'autres ?

Une guerre parmi d'autres ?

Un wagon qui n'a pas empêché que l'on tatoue, sur le bras des hommes, d'autres numéros...

Un wagon qui n'a pas empêché tous les autres wagons...